Pour moi, pour beaucoup, il était Zouzou.
Nous nous sommes rencontrés il y a 40 ans, par l’intermédiaire d’amis communs. Nous avons partagé le même métier depuis nos jeunes années jusqu’à la retraite, salariés aux mêmes endroits. On a aussi fait très souvent la fête ensemble, et nous sommes partis quelquefois en vacances, partageant des moments inoubliables. Parmi mille autres, celui qui se distingue de manière prépondérante est ce film que l’on tourna au cours d’un séjour à la montagne avec une bande d’ami-es.
Depuis ces lointaines années 80, où Zouzou avait des cheveux qu’il triturait jusqu’à les perdre tous, jusqu’aux derniers jours de sa vie, il a fait face toute sa vie à des défis.
Il faut avoir vu Pascal sur des skis pour mesurer à quel point il faisait preuve d’opiniâtreté. Et aussi de volonté pour réussir à ne plus « patiner en parlant», comme l’avait apostrophé un rude paysan de la Loire. Faut dire que ce soir là, on avait largement fait honneur à un litre de gnôle du cru, ce qui n’avait pas arrangé son élocution.
Toujours résolument volontaire pour surmonter les obstacles, il concluait chaque péripétie par son rire inimitable et se servait de cette épreuve comme d’un moyen pour progresser. Pas forcément aussi vite et aussi loin que voulu, mais sans cesse à se remettre au combat.
Il a partagé avec moi quelques uns de ses moments de doutes et aussi de ses inquiétudes récurrentes, mais surtout on a échangé sur la vie que l’on traversait, avec ses joies et ses moments plus difficiles. On a discouru des heures sur notre métier.
Et par dessus tout, on a bien ri.
Ha oui, Zouzou était drôle, spirituel, fin et perspicace. Très lucide sur qui il était, sur ses atouts mais également ses difficultés. Et toujours mi sérieux mi rigolards, on discourait des heures durant à refaire le monde.
Lorsque la fatale maladie qui finit par l’emporter se déclara, il m’a stupéfait par son courage à se battre pied à pied jusqu’à la dernière minute.
Une dizaine de jours avant son décès, il m’écrivait «je pense à vous » faisant allusion à mon épouse et moi. Et puis il sombra dans un long tunnel opiacé et finalement jeta l’éponge.
Je n’ai pas fini de penser à toi pour le temps qu’il me reste à vivre, et que j’espère le plus long possible.