A ma petite Mémé,
Cela fait un moment que je pense à ce que je voulais partager de toi, ça me paraissait plus simple et plus limpide alors.
Je vais juste parler de la façon dont je te voyais:
La Matriarche ou plutôt la Reine Mère digne et fière:
un peu la commandante en cheffe d'une tribu surtout féminine qui s'agrandit sans cesse, qui reste unie malgré tout; celle qui à donner les règles et les codes à ses filles afin d'être indépendantes, futures mères elles aussi.
A tes petits enfants, tu nous as offert un royaume en la salle de jeux. C'est là où le dimanche nous avons grandi jouant, tissant des liens profonds entre nous. Pour bons nombres de tes petits-enfants, ce souvenir est gravé dans nos mémoires .
Merci d'avoir été le maillon fondamental de ce qu'on est tous.
Je garde ce dernier souvenir de la maison de retraite, lorsque les mots ne te servaient plus et que mécontente tu t'es mise à siffler: j'entendais "vous me gonflez" mots que tu n'aurais jamais prononcer de vive voix.
Ce sifflement est un chant joyeux à mon oreille, un pied de nez à ceux qui nous font flique et une démonstration de ta force de caractère présente jusqu'au bout.
Une femme cultivée, une artiste:
Ma mère à toujours répéter que notre avenir était dans l'éducation, ce qui doit être vrai aussi pour mes cousins.
Je revois les mots croisés et le dictionnaire sur ta table de la cuisine, les tomes et les tonnes de livres dédiés au savoir sur les étagères de la salle de jeux. Tu aimais apprendre et découvrir le monde, lors de vacances en Bretagne, nous avons fait ensemble un stage d'aquarelle, ton trait était fin et gracieux, ton tableau magnifique mais ton exigence envers toi te faisait dire que tu n'étais pas si douée.
Une de nos dernières parties de scrabble, ou tu as changé les règles. tu piochais et remettais les lettres qui ne te plaisais pas. Quand je t'es demandé ce que tu faisais , tu as juste dis :"elles sont pas bien celle-là" jusqu'à ce que tu aies un 7 lettres. Toutes ensembles nous avons bien rigolé.
L'ouverture d'esprit, la générosité:
Dans cette famille où l'excellence scolaire était de mise, la petite fille que j'étais ne rentrait pas dans les cases, pourtant jamais je ne me suis sentie mise à l'écart où jugée par toi. Tu ne m'as jamais fait ressentir différente des autres et malgré mon côté Drevon très prononcé en ta présence je me sentais une "Ville" moi aussi.
Enfant, mon souvenir de ta générosité est lié à cette bonbonnière que tu nous présentais lorsqu'on partait de chez toi. Avec la voix de maman " juste un c'est bientôt l'heure de dîner!" Et avec en clin d'œil tu me faisais signe d'en prendre 2 . Aujourd'hui encore le goût des Krema me renvoie 30 ans minimum en arrière.
Plus grande, quand je ramenais les quelques courses dont tu avais besoin, tu me remboursais toujours en dessus de la somme due en me disant garde la monnaie. Ta façon à toi de me remercier.
Tu as su aussi évoluer avec ton temps et au contact des générations plus jeunes.
Un de mes meilleurs souvenir, lors d'un rassemblement familial à la maison, tu as lancé un "A la Bouffe" mémorable qui à offusqué quelques unes de tes filles, qui m'a fait jubilé, preuve que nos vacances partagées avaient porté leurs fruits.
Douceur et tendresse:
Merci de m'avoir permis de tenir ton bras et tes mains très souvent. Je me souviendrais longtemps de ta peau fine et douce comme de la soie. J'étais tactile, toi en apparence pas, mais tu as toujours reçu mes câlins et caresses avec plaisir.
Ma grand-mère c'était une Grande Dame et ma Petite MéMé!!!