Tata,
Cela fait une semaine que nos cœurs brisés errent tristement, étourdis par ton absence et niant la réalité trop difficile à accepter. Nous avions beau essayer de nous y préparer, la peine et le manque sont là, imposants et écrasants. Quelque temps avant de nous quitter, tu l’avais dit : « Moi, ça va. C’est pour vous que ça va être dur. » Si tu savais l’immense vide que tu laisses… Aujourd’hui, nous sommes tous réunis pour te rendre hommage et te faire nos adieux. J’espère que ces mots, gages de l’amour que nous te portons, seront à ta hauteur et feront briller la flamme encore quelques instants.
Tu es née à Lyon le 26 janvier 1958 et as passé ton enfance à Anthon auprès de tes parents, Louis et Léonce, et tes frères et sœur, Bernard, Annick et Robert. Tu as commencé à travailler en 1974, à 16 ans, en tant qu’employée de maison : tu t’es occupée des enfants et as entretenu les maisons de plusieurs familles, tout au long de ta carrière. De 2009 à 2020, tu as aussi travaillé pour la mairie d’Anthon et la gendarmerie de Pont-de-Chéruy, desquels tu entretenais les locaux.
Le 31 décembre 1977, au réveillon du Nouvel An, à Anthon, tu as rencontré Tonton. Gilbert. A ce moment-là, vous ne saviez pas que vous alliez vous marier le 16 septembre de l’année suivante, passer 44 ans de vos vies ensemble et avoir trois enfants : Laurent, Cécile et Guillaume. La perte de Laurent après quelques mois a été une immense douleur, mais tu as su continuer avec courage. Tonton t’est reconnaissant de t’être si bien occupée de vos enfants, et d’avoir tenu la maison et le jardin alors qu’il partait tôt travailler et rentrait tard, très fatigué.
Vous avez vécu tous les quatre à Anthon, dans votre maison au bout de la Rue du Château, près de ta chère famille, à la confluence d’un fleuve et d’une rivière. « Chez Chantal, c’est la maison du bonheur », disait ton papa. Toutefois, il y avait bien des moments où l’on t’entendait dire à Guillaume, enfant et jusqu’à il n’y a pas si longtemps : « Tu vas r’cevoir ! », quand il commençait à t’énerver.
Ton papa avait raison, c’était la maison du bonheur, et encore plus le soir du 24 décembre. Chaque année, tu aimais organiser le repas du réveillon de Noël pour nous réunir. La chaleur irradiait de la maison, à ton image. Nous mangions, buvions et riions des heures durant. C’était le plus beau jour de l’année, à n’en pas douter. L’été, ce sont les barbecues que tu aimais organiser et auxquels nous adorions être conviés. La nourriture était toujours présente lorsque nous nous retrouvions. C’était surtout un prétexte pour passer du temps ensemble. Tes petits-enfants, Louis, Julie, Lucie et Maxime se souviennent de ta paëlla, du gâteau au chocolat que tu préparais avec eux et de la tarte tomate « qui pique ». Si nous aimions manger, toi aussi : tu adorais le foie gras poêlé, les tropéziennes, les Paris-Brest et les foyesses. Tu as même mangé chez Paul Bocuse avec Tonton ; ce repas était un cadeau de tes chers amis gendarmes pour tes 60 ans.
Tu es indissociable d’Anthon, ton village dans lequel tu t’es si impliquée. Adhérante à l’Amicale d’Anthon depuis toujours, tu étais bénévole et animais les cours enfants de pingpong du mercredi après-midi et participais à l’entraînement adulte, une fois par semaine, à 20 heures. Pendant de nombreuses années aussi, tu as été bénévole à la bibliothèque : tu t’occupais des permanences, de la gestion du prêt et de la commande de nouveaux livres. Tu aimais beaucoup lire et Musso était un favori.
Si tu aimais t’occuper de ta maison, tu aimais aussi te balader et voyager aux quatre coins de la France, à la mer comme à la montagne ; Tonton se rappelle vos nombreuses excursions : à Paris, Rocamadour, Strasbourg et même en Allemagne, à Brest aussi, SaintTropez, Ramatuelle et Avoriaz, entre autres, Annecy et Carcassonne dernièrement. Tu aurais bien voulu voir les plages de Normandie… A Ramatuelle, tu passais du bon temps chez Robert et appréciais te baigner chaque matin dans la mer.
Les séries et les feuilletons faisaient partie de ton quotidien. Pour rien au monde tu n’aurais raté un épisode de Dallas, Les Feux de l’Amour, Walker, Texas Ranger, Plus belle la vie, Demain nous appartient, Un si grand soleil…
Tu faisais toujours passer les autres avant toi et ta générosité n’avait pas de limite. Tu nous as tous tant gâtés. Tu rayonnais de gentillesse et respirais la joie de vivre. Toujours première sur la piste de danse, « elle avait le rythme », m’a dit Tonton. Ti Amo d’Umberto Tozzi était votre chanson. « Dès qu’elle passait, on dansait tous les deux. », a-t-il rajouté en souriant. Je vous imagine bien. Tu écoutais aussi Goldman, Johnny, Sardou et Presley. Tonton t’avait d’ailleurs offert deux 33 tours du King avant de partir à l’Armée.
Mais, ton goût de la vie n’avait d’égal que l’extraordinaire courage et la sérénité dont tu as fait preuve face à la maladie. Pendant plus de deux ans et demi, tu lui as tenu tête, tu as été forte malgré les forces qui t’abandonnaient. Tu as pu voir ta chère maison être rénovée et profiter d’un rayon de soleil sur ta nouvelle terrasse. Cela te tenait à cœur. Même lorsque tu étais en soins palliatifs, tu regardais avec engouement la Coupe du Monde de football. Et comme toujours, nous passions avant toi : tu espérais tenir jusqu’en 2023 pour ne pas gâcher les fêtes de Noël… « Il faudra faire la fête si je vous regarde de là-haut ! », nous as-tu dit. Finalement, tu t’es accrochée jusqu’au 26 janvier dernier, jour de tes 65 ans. Tu étais chez toi, comme tu le souhaitais. Je me souviens du dernier moment passé ensemble : quelques jours avant que tu ne rejoignes les étoiles, tu nous as invités à rester manger, mes parents, mon frère et moi. Comme si de rien n’était…
Tata, j’ai peur de ne pas avoir les bons derniers mots tant c’est dur. Tu me manques. Tu nous manques à tous. Tellement. Nous sommes fiers de toi, si fiers et heureux de t’avoir eue à nos côtés. Merci. Merci pour tout. Jean d’Ormesson disait : « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » Nous te le promettons, nous ne t’oublierons jamais et tu continueras de vivre dans nos cœurs. Nous t’aimions, nous t’aimons et nous t’aimerons.